Catégorie : Poésie néo-classique
Secrètes alliances
Dans les semaines qui préludent au départ,
L’espoir est entrevu mais subtilement retenu,
L’impasse au bout pointe une clarté nue,
Je suspends mon souffle, j’angoisse un retard.
Mais le départ arrive, fiable, immuable, fulgurant.
Enseveli sous le détail des jours et des tâches,
Il disparaît pour renaître enfin étincelant
De simplicité, d’évidence : dénouées mes attaches.
Vivre l’Ailleurs puis en juillet revenir en France,
L’été déplie sa première corolle, c’est un bonheur intense,
Furtives saveurs effleurées, je savoure ma chance,
Rêves, promesses en bouquet, la beauté prend sens.
Et j’arrive en France, clarté, lumière fleurant l’été,
Le train m’aspire déjà vers les splendeurs de Provence,
Arpèges délicats, symphonie aux subtiles nuances,
Les notes fondent en moi, distillant couleurs et beauté.
Après Lyon, les contours bleus qui vallonnent,
Effleurent les reliefs ocres de notre belle Provence,
Pins, cyprès en fuseaux, une antienne fredonnent,
Et je noue, rêve ou souvenir, mes secrètes alliances.
Au fond les pastels des Alpes, pâle camaïeu d’azur,
Frangent l’horizon de rebonds, et le ciel candide et pur
Défiant les pentes vertes, assoiffant les talus blonds,
Assèche les rivières, eau menue entre cailloux ronds.
Ici et là, les vieilles pierres aux tuiles couleur sable,
Déposent leur charme infini au faîte des collines,
Poutres chenues, voûtes hors d’âge, génoises fines,
Cette beauté en moi résonne, présence ineffable.
Ma belle Provence, que j’aime tes vieux villages perchés,
Le clou rouillé oublié sur la pierre, tes coins secrets,
Tes places ombreuses, tes collines perlées de lavande
Ou parées des plus vieux oliviers comme une légende.
Dans le TGV en juillet
Geneviève CAELEN-HAUMONT